Un bien immobilier meublé, loué sous le régime LMNP, peut échapper à l’impôt sur la quasi-totalité de ses loyers grâce à l’amortissement, sans remettre en cause la possibilité d’une exonération de la plus-value à la revente. Pourtant, certaines charges, comme le terrain ou les meubles renouvelés trop fréquemment, échappent à ce mécanisme réputé avantageux.
Des règles strictes encadrent la répartition des amortissements selon la nature des composants et la durée de vie de chaque élément. La moindre erreur dans la ventilation peut entraîner un redressement fiscal lors d’un contrôle.
L’amortissement en LMNP : un atout fiscal souvent méconnu
La mécanique de l’amortissement en LMNP intrigue, séduit, mais reste largement sous-utilisée. Le principe est limpide : chaque année, le propriétaire d’un logement meublé peut soustraire, via le régime réel, une portion de la valeur du bien (hors terrain) ainsi que du mobilier, des recettes issues de la location. Résultat : l’impôt sur les revenus locatifs fond pratiquement à zéro, parfois sur plus d’une décennie. Le statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP) offre ainsi un vrai bol d’air sur le plan fiscal, tout en préservant l’abattement sur la plus-value lors de la revente.
Mais tout ne tient qu’à un choix : celui du régime fiscal. Le micro-BIC rassure par sa simplicité, abattement forfaitaire de 50 %, comptabilité allégée,, mais il prive l’investisseur de l’effet amplificateur de l’amortissement. Le régime réel, lui, requiert plus de rigueur et, souvent, le recours à un expert-comptable, mais il permet une optimisation poussée et durable. Beaucoup de bailleurs basculent vers ce régime dès que les charges réelles dépassent l’abattement du micro-BIC.
La possibilité d’amortir ne concerne pas seulement l’immeuble : le mobilier et les équipements (cuisinière, machine à laver, literie, etc.) entrent aussi dans la danse, avec des durées fixées par l’administration. En choisissant le « réel », la location meublée devient un véritable levier de valorisation patrimoniale et fiscale, régulièrement plébiscité par les investisseurs aguerris. Bien gérée, cette mécanique transforme la rentabilité d’un investissement LMNP et change la donne sur le long terme.
Quels biens et dépenses peut-on réellement amortir en location meublée ?
Le champ d’application de l’amortissement LMNP va bien au-delà du simple appartement. L’investisseur inscrit à l’actif de son bilan l’immobilier, à l’exclusion systématique du terrain,, mais aussi une panoplie d’équipements et de mobiliers. Le bâti, pierre angulaire de l’opération, s’amortit le plus souvent sur 20 à 30 ans. À côté, le mobilier et tous les éléments indispensables à une location meublée (réfrigérateur, matelas, vaisselle, luminaires, parfois la box internet) bénéficient de durées d’amortissement plus courtes, entre 5 et 10 ans selon leur usage et leur nature.
Voici comment se répartissent les principales catégories d’éléments amortissables :
- Immobilier hors terrain : amorti sur 20 à 30 ans
- Mobilier et équipements : 5 à 10 ans pour l’électroménager, 7 ans pour le mobilier classique
- Travaux d’amélioration : intégrés à l’actif et amortis sur la durée du bien ou selon leur nature
La question des travaux appelle une distinction : seuls les travaux qui améliorent le logement (changement de cuisine, rénovation de salle de bains, ajout d’une cloison) se prêtent à l’amortissement. Les frais d’entretien courant, eux, restent des charges déductibles immédiatement. Retenez la nuance : remplacer la chaudière s’amortit, réparer un robinet se déduit dans l’année.
Côté financement, les intérêts d’emprunt échappent à l’amortissement. Ils se déduisent, tout simplement, des revenus locatifs. Cette règle permet d’alléger la fiscalité du bailleur, à condition de respecter le plan comptable et d’anticiper les durées d’amortissement propres à chaque investissement.
Le calcul de l’amortissement LMNP expliqué étape par étape
Réaliser un calcul d’amortissement LMNP demande méthode et précision, dans le cadre du plan comptable général. Première étape : séparer dans le prix d’achat la part du terrain (jamais amortissable) de celle du bâti, du mobilier et des divers équipements. Cette répartition, souvent confiée à un professionnel, conditionne la performance fiscale de l’opération.
Une fois les postes amortissables identifiés, il faut définir leur durée d’amortissement : le bâti s’étale sur 20 à 30 ans ; le mobilier, de 5 à 10 ans. Les travaux suivent la durée du bien rénové, toujours sur la base d’une estimation sérieuse et documentée.
La suite consiste à appliquer chaque année, sous le régime réel simplifié, la formule linéaire classique. Le montant annuel de l’amortissement se calcule ainsi :
- Valeur d’acquisition hors terrain ÷ durée d’amortissement = dotation annuelle
Exemple concret : si un appartement (hors terrain) est acquis à 180 000 €, amorti sur 25 ans, l’amortissement annuel atteint 7 200 €.
Ces amortissements sont consignés dans un tableau d’amortissement et viennent réduire chaque année les revenus locatifs. Si la dotation excède le bénéfice, le mécanisme de report prend le relais : le surplus d’amortissement non utilisé est reporté sur les années suivantes, tant que le régime réel est maintenu. Cela permet de neutraliser l’imposition pendant plusieurs années, dans le respect des règles de déclaration fiscale LMNP.
Conseils pratiques pour optimiser son amortissement et gagner en sérénité
Orchestrer un amortissement LMNP efficace relève d’une stratégie réfléchie. S’entourer d’un expert-comptable chevronné en location meublée garantit à la fois conformité et optimisation. La clé : une ventilation rigoureuse du prix d’acquisition, une valorisation juste du mobilier et des travaux. Les approximations coûtent cher : les contrôleurs de l’administration fiscale connaissent désormais parfaitement ce terrain.
Pensez à anticiper chaque dépense au moment de l’acquisition ou lors des travaux majeurs. Un mobilier surestimé, un bâti sous-évalué : et l’avantage fiscal fond, c’est aussi simple. La jurisprudence rappelle que seule une ventilation cohérente, justifiée par des pièces, résiste lors d’un contrôle.
La gestion du report d’amortissement s’avère déterminante. En cas de revenus locatifs faibles certaines années, le report d’amortissement s’applique sans limitation de durée, à condition de rester sous le régime réel simplifié. Ce mécanisme protège efficacement de l’impôt, tant que l’activité de location meublée non professionnelle perdure.
Ceux qui investissent en résidences étudiantes, résidences seniors ou ehpad profitent d’une stabilité appréciable dans la stratégie d’amortissement. Les gestionnaires professionnels offrent une sécurité, mais cela ne dispense pas d’examiner sa situation personnelle avec attention. La loi de finances 2025 n’a pas modifié le principe même de l’amortissement en LMNP, mais les évolutions récentes invitent à rester vigilant, surtout en cas de changement de statut vers meublé professionnel.
Maîtriser l’amortissement en LMNP, c’est se donner les moyens de bâtir une rentabilité solide, année après année. L’optimisation fiscale devient un choix, pas un hasard.


